INTRODUCTION

 

A l’occasion du cours de Psychologie Sociale reçu lors du premier semestre de licence de Sciences de l’Education, il nous a été demandé, à des fins d’évaluation, de rédiger un mémoire portant sur un sujet librement choisi et apportant des réponses psychosociales pouvant éclaircir ce sujet. J’ai alors choisi de présenter ce mémoire sur le sujet du 'bizutage’ car ce sujet entre dans une logique préparatoire à mon futur métier : celui de Conseiller Principal d’Education (CPE), et peut être analysé de manière très précise par la Psychologie Sociale.

En premier lieu, pour cerner le sujet, je crois qu’il convient de présenter (brièvement) le bizutage du point de vue de ses origines.

 

LES ORIGINES DU BIZUTAGE

Ses origines remontent au XVIIe siècle. A l’université de Paris, le 'béjaune’, ancêtre du bizut, est soumis à des rites initiatiques où la violence et l’humiliation, le sexe et l’alcool sont à l’honneur. Cette tradition s’est perpétuée durant le Moyen Age et l’époque moderne avant de disparaître dans la tourmente révolutionnaire de 1789.

En 1804, les élèves de Polytechnique ressuscitent les mœurs médiévales et inventent le 'bahutage'. Dans les deux cas, 'escholiers’ ou 'polytechniciens’, le but est de souder les élèves au sein de confréries secrètes aux règles strictes afin de faire face à une administration détestée.

Au XIXe siècle, cette dernière mènera d’abord une lutte sans merci contre les auteurs du bizutage. Mais, par la suite, autorisera les brimades avec une honteuse complaisance.

Pourtant, si la résistance à l’administration n’est plus perceptible, la volonté de forger un esprit de corps subsiste. Parallèlement ces cérémonies s’étendent en restant, toutefois, limitées aux écoles militaires (le terme 'bizut’ vient de Saint-Cyr), aux facultés de médecine et aux écoles des beaux-arts. Au cours des années soixante, elles finissent par tomber plus ou moins en désuétude. 1967 voit le dernier bizutage de 'l’X'. On peut noter que lorsque la France vit des moments marqués par le progrès, l'espoir et des idéaux nobles de justice et de fraternité, tels la Révolution de 1789 ou les événements de mai 68, le phénomène régresse. En revanche, au cours des années quatre-vingt, en pleine dépression économique, il réapparaît et s'amplifie. En 1985, Polytechnique renoue avec cette tradition. Actuellement, une grande partie de l'enseignement supérieur la connaît de même que l'enseignement secondaire.

Ce bref historique étant terminé nous allons maintenant nous attacher à résoudre les questions qui peuvent se poser à l'encontre des fonctions du bizutage et analyser la manière dont la Psychologie Sociale va pouvoir nous aider à les résoudre.

Le bizutage est une forme de cérémonie rituelle réunissant plusieurs acteurs  : les bizuteurs, ou les 'anciens' (de l'école, de la caserne, de l'université...), les 'bizuts', ou les nouveaux arrivants, mais aussi, un contexte social et matériel. Ce phénomène se veut comme objectif premier l'intégration des arrivants à leur nouvel environnement de vie au moyen de 'jeux' divers.

Pour résoudre la question de la connaissance approfondie des fonctions du bizutage, il convient donc d'analyser les trois aspects ainsi prédéfinis : le 'bizuteur', le 'bizut', de même que le contexte social et, ce, en appliquant nos connaissances psychosociales.

Nous analyserons en première partie le comportement du 'bizut' ainsi que les causes de sa soumission envers ces jeux, qui peuvent être le plus souvent durs tant moralement (humiliations, intimidations, atteintes à la dignité…) que physiquement (viols, brimades et autres sévices…). Nous analyserons aussi les raisons de son obéissance à des personnes inconnues qui peuvent, parfois, le brimer à l'extrême et devenir ses bourreaux. La Psychologie Sociale nous permettra donc de mieux discerner les processus de cette obéissance à l'aide du rapport entre l'individuel et le collectif, ainsi que par l'analyse de l'identité sociale. Ces analyses devraient, par la suite, nous permettre de connaître ce que souhaite façonner le bizutage chez le nouvel arrivant.

En deuxième partie nous appréhenderons le comportement des 'bizuteurs' qui reproduisent des schémas de violence appris souvent à leurs dépends alors qu'ils étaient simples 'bizuts' et, ce, grâce à l'analyse des influences sociales et de la théorie de la dissonance cognitive en particulier. Nous mettrons alors en valeur ce qu'ils peuvent retirer personnellement, mais aussi collectivement, des violences qu'ils commettent.

Enfin, nous finirons notre étude par une analyse du contexte social, qui est souvent trop tendre et indulgent envers les jeux sévères et dangereux des rituels et, parfois, peut être à l'origine du 'bizutage'. Cela nous aidera à prendre en compte une dimension extérieure et, ainsi, de relier ce sujet à un aspect plus général de la violence à l'heure actuelle et de certains de ces mécanismes.

FIN DE L'INTRODUCTION

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